Il a fallu plus de 15 heures pour que notre équipe nous rejoigne dans le sud d’Haïti. Après une heure de transport en commun, suivie de cinq heures de sentier en moto à travers les montagnes, divers trajets en bus, et une panne, Jonathan a finalement pu les chercher sur la route. Ils ont ainsi pu rejoindre la région où nous nous trouvions. Malgré les courbatures et la fatigue accumulées, ils ne souhaitaient pas aller se coucher ; ils voulaient profiter de chaque instant et ont sorti des cartes pour jouer.
Nous avons pleinement savouré ces six jours ensemble. Jonathan avait minutieusement planifié cette semaine pour offrir des moments de détente, des activités de team building, ainsi que des temps spirituels et de formation.
Pour notre équipe, cette pause était d’autant plus précieuse après avoir quitté une zone de guerre dans laquelle ils vivent quotidiennement depuis deux ans. Pouvoir marcher en toute liberté, sans inquiétude, et admirer des paysages magnifiques a permis à chacun de se reposer profondément.
Ils ont pu dormir paisiblement, loin des bruits des balles, des bruits de la guerre et des tensions du quotidien. Nous avons également eu l’opportunité de leur faire découvrir de nouvelles activités, comme la pêche, le golf et des promenades en bouée tirée par un bateau. Grâce à nos amis missionnaires qui nous ont accueillis, nous avons savouré des soirées mémorables avec des pizzas et des fruits de mer, incluant du poisson, des crevettes et même du homard. Chaque moment passé ensemble était un véritable cadeau.
Cette semaine de retraite a été particulièrement marquante, avec des échanges sur l’année 2024, des temps de louange et des soirées de jeux de société. Nous avons pu discuter des épreuves de l’année, des pertes que nous avons subies et de ceux qui ne sont plus parmi nous. Les émotions étaient fortes, et chaque partage a résonné avec profondeur.
C’est avec une immense tristesse que nous avons vu notre équipe repartir. Entre larmes et sanglots, cette séparation était douloureuse et à contre cœur. Nous avons mesuré l’importance de ces moments et espérons pouvoir en revivre durant l’année 2025.
Une des formations de cette retraite portait sur les étapes du deuil. Alors que l’année 2024 a été marquée par de nombreuses pertes et instabilités, nous avons pu aborder ensemble les différentes étapes du processus de deuil. Nous avons discuté de l’importance de laisser ce processus se dérouler, en passant par les étapes de l’acceptation et du pardon, afin de pouvoir recommencer à rêver pour l’avenir. Chacun d’entre nous a perdu des êtres chers cette année : Bertin, l’un de nos collaborateurs, est décédé subitement, et un couple âgé a été brûlé par les gangs. Nous avons également perdu notre stabilité et notre chez-nous.
Nous vivons tous de multiples deuils, et c’est en en parlant et en laissant le processus s’opérer que nous pourrons avancer. Retourner dans le Sud pour retrouver notre famille et notre équipe était une étape importante de ce cheminement. La douleur de ne pas pouvoir retrouver notre maison, notre vie, ainsi que notre famille séparée de Wanguerre et Olivier, pèse lourdement sur nos cœurs. En 2025, nous faisons face à de nombreuses pertes. Recommencer à zéro, sans retrouver notre foyer, représente un défi immense.